Création originale à l’air louche de fable métaphysique.
On les a vus par ici pour la première fois en 2007, ils arrivaient tout droit de la capitale française pour répondre un simple appel à projet pour les Scènes Ouvertes des Estivales; ils furent adoptés tout de suite, et même élus « Coup de Coeur du Public ». Sur un coup de tête, plus tard, ils s’installent à Rivesaltes, investissent le Théâtre des Hautes-Rives pour une résidence artistique, d’abord, puis pour en prendre les rênes et en faire leur « lieu de travail et de vie » ainsi qu’un espace dédié à la création sous toutes ses formes (ateliers, répétitions, spectacles, résidences…) autour des arts vivants, et plus particulièrement des arts de la rue.

Les Fantoches est une « fiction métaphysique, la tentative de répondre par le théâtre à des questions auxquelles on ne répondra jamais: que se passe-t-il dans l’au-delà? Peut-on envisager qu’un bar soit l’antichambre de la mort? » Michaël Filler, metteur en scène. Sur le plateau, une ambiance de vieux zinc, comme on en trouve parfois encore aujourd’hui, avec ses meubles défraîchis, ses clients immuables et son atmosphère sourde, emplie d’histoires de vies fracassées par l’alcool et les désillusions. Le bar est fermé, c’est la nuit, et pourtant il y a bien des clients, aux particularités bien affirmées, aux positions bien définies.

« Se lever, s’affaler, tituber, s’effondrer, se dérober, saisir, relâcher, sauter, bondir, pirouetter, s’affaisser sur soi-même, rouler, chercher protection,s’endurcir, se tendre, s’entrelacer, se prendre par l’épaule, se toucher et s’éloigner l’un de l’autre, se laisser soulever, porter, tomber, baisser la tête, pleurer, rire, exulter, glousser, éclater de joie, pouffer, sangloter, glisser, trébucher, faire la galipette, foncer… aller, marcher, courir, cavaler, s’arrêter, rester immobile ». -Wim Wenders, Discours pour Pina.

Des clients morts, parfois depuis peu, parfois depuis longtemps – ceux-là sont des habitués venus en pantoufles-, il y a le patron, naturellement autoritaire, qui fait tourner sa baraque à coup de petits canons, et il y a deux naufragés, vivants, échoués dans le bar on ne sait trop comment, coincés parmi les morts, confrontés à l’éphémère de leur triste vie… Il y a du rock n’roll, forcément, musique par excellence sur le fil du rasoir, et la parole poétique écrite par Denis Péan, qui finit de donner aux répliques des personnages le côté suranné du temps qui n’en peut plus de passer.

Il y a un peu de l’univers de Wladyslaw Znorko, acteur, metteur en scène et plasticien qui explore le domaine du rêve et qui est le parrain de la pièce, dont la gestation eut lieu dans les locaux de sa compagnie, le Cosmos Kolej; et il y a, évidemment, le Café Müller de Pina Bausch en filigrane, dans la scénographie comme dans la façon dont les corps se meuvent, dans cette pièce qui se veut, entre autres, être un hommage à la chorégraphe du Wuppertal Tanztheater.

Création Originale de la Compagnie Gérard Gérard, avec la complicité de Dénis Péan. | Première : 2011 | Durée : 1h20 | Metteur en scène : Michaël Filler | Interprètes : Jean-Baptiste Epiard, Claire Schumm, Cécile Guérin, Nicolas Beduneau, Alexandre Moisescot, Julien Bleitrach, Muriel Sapinho et Agnès Rivière | Lumières : Charles Vedel | Décors : Yves Mauffrey | Scénographie : Michaël Filler | Son : Johan Lescure | Régie : Charles Vedel | Soutiens :  la Ville d’Alenya (66), le Lieu Noir (34), la Gare Franche (13), Par Les Villages (13), l’Espace Culturel de Ferrals-les-Corbières et Réseau en Scène LR. | Ce spectacle a été joué à la Chapelle St Vinxens à Estagel (66), en salle Marcel OMS à Alenya (66), à La Gare Franche à Marseille (13), à à Castelnau d’Aude (11), à Ferrals-les-Corbières (11), à la Fabrica à Ille-sur-Têt (66), à Trets (13) dans le cadre de Par les Villages, au Couvent des Minimes dans le cadre de Perpignan En Scène (66), à l’École Lavoisier pour les Jeudis de Perpignan (66).