À la Radio

L’équipe de “Zombies”, invitée de FRANCE CULTURE => 41ème min (cliquer ci-dessous)

«J’ai toujours envisagé les zombies comme une forme de révolution, avec une génération dévorant la suivante.» -George Romero

Zombies est un spectacle grinçant qui joue avec la figure du Zombie pour questionner avec humour et poésie nos rapports au smartphone, au transhumanisme et à notre propre fin.

Depuis 2008, l’humanité est en train de muter… Quels sont les dangers que nous pouvons lier au smartphone ?  Comment nos comportements évoluent-ils au quotidien ? En sommes-nous réellement conscients ? Comment peut-on maîtriser un tel « virus » ? Va-t-on, avec ces téléphones intelligents, vers la fin de l’homo-sapiens ?

L’Histoire

Dans un monde parallèle, miroir du nôtre, l’Humanité se dote d’un nouvel outil qui la fait basculer sans heurts vers un transhumanisme toujours plus connecté. Marie, emportée malgré elle dans cette société en mutation, court après son identité et sa mémoire, sans cesse manipulée par les Gardiens de la Lumière Bleue. Guidés par la voix de Cloud-IA, les personnages se défont progressivement de leurs corps à mesure qu’avancent cette quête vers le secret de leur origine et cette bête question : comment en est-on arrivé là ?

L’Équipe

une création de la Cie Gérard Gérard / direction artistique : Alexandre Moisescot / écriture et interprétation : Nicolas Béduneau, Alexandre Moisescot, Claire Schumm et Aurelia Tastet / création lumière et régie : Boris Martin / réalisation sonore : Michaël Filler / conception video : Eric Massua / dramaturges invités : Carole Lambert et Jonn Toad / regards invités : Françoua Garrigues et Jean-Baptiste Epiard / diffusion : Natacha Thaon Santini / administration : Elodie David.

Les Soutiens

« Comme ce serait mou et inconsistant une tête de vivant, s’il n’y avait pas une tête de mort dedans ». – Pablo Picasso

Pourquoi ce spectacle ?

Nous souhaitons participer à faire rentrer dans le domaine de la santé publique la question de nos rapports au smartphone et des risques liés à la 5G. Associer “téléphone” et “zombie” est une équation banale, qui parle à tous : sans doute l’occasion de pouvoir inventer une dystopie qui lève les enjeux liés à cet outil désormais au cœur de notre époque, tout en jouant avec les notions de transhumanisme et d’esclavagisme induites par la figure du Zombi originelle (celle d’Haïti et du Bénin plutôt que celle d’Hollywood). Jouer avec le théâtre d’horreur pour choquer les esprits fait partie du contrat que nous proposons aux spectateurs.

“Zombies” est né le 20 septembre 2019. Lors de notre première tournée à l’automne-hiver 2019, l’intérêt suscité par notre création nous a touché. Celui du public en premier lieu mais aussi celui de la presse, des professionnels, des programmateurs et des artistes. Cet engouement nous honore et nous laisse penser que l’ère du temps n’est pas seulement à la zombification passive du citoyen-consommateur mais peut-être aussi au réveil des consciences et au puissant désir de sortir du virtuel. Peut-être le théâtre en est-il un remède ? En tous cas, il est le lieu idéal pour évoquer notre sujet.

Nous nous plaçons en lanceurs d’alerte, notamment auprès des jeunes nés après 2008. Lors de cette tournée, nous avons à ce titre donné des représentations scolaires ainsi que des ateliers de sensibilisation et de théâtre, toujours liés aux zombies et aux téléphones intelligents (qui nous dispensent de l’être). Ce public est radicalement sensible à cette thématique et au traitement original que nous proposons et qui leur parle : en effet, “jouer au Zombie” ouvre immédiatement un imaginaire et un rapport immédiat à la mise en jeu du corps. Cette expérience émouvante et réellement puissante nous a confirmé l’énorme enjeu qui nous engage auprès des jeunes populations. Nous continuons d’ailleurs avec ces stages-ateliers, notamment au Cirque Komono à Bordeaux et avec la Ville de Rivesaltes et souhaitons en donner davantage. Nous sommes en recherche active d’occasion de faire avec le théâtre ce travail de sensibilisation

Extraits de la note d’intention

Nous souhaitons que les spectateurs changent de regard sur leur smartphone et qu’ils finissent par en avoir peur. Non pour les hanter par des visions de cauchemars mais pour les dés-hanter de ce qui les vampirise déjà – si toutefois le théâtre conserve ce pouvoir de changer le monde. Par le mystère, la peur, le rire, la tendresse, l’étrangeté, l’horreur.

“ZOMBIES” épouse une forme hybride, monstrueuse, composite, à l’image du sujet que nous traitons : mêlant bien sûr acteurs et technologies, chair et lithium mais aussi récit et rêverie, argument et hypnose. Comme un choc théâtral s’apparentant à un cauchemar symphonique. Un spectacle mutant. L’esthétique globale du spectacle est construite sur la notion de métamorphose. Un crescendo partant d’un théâtre simple, adressé et naturaliste qui évolue jusqu’à une apoca- lypse d’argile et de peinture qui rappelle davantage le monde de la performance. Le rapport au public évolue de la même manière. Quelque chose comme un piège qui se referme.

A l’évidence, travailler sur les figures du Zombi, c’est travailler sur le décérébrage de l’homme, sur l’homme-ins- tinct, l’homme esclave, l’homme animal. Il nous faut donc pouvoir être aussi décérébrés, instinctifs, animaux que notre sujet. Nous nous attachons à faire sauter par cette méthode un certains nombre d’évidences pour retrouver un regard étonné sur le monde, sur le théâtre et sur l’acteur. Pour trouver nos zombies, il nous faut écrire en états. Se faire idiots. Se faire péter la caboche. Se faire jouets. Pour sortir du théâtre et le reconvoquer. L’évidence veut que ce spectacle se nourrisse de l’acteur aussi bien que des hasards et des jeux que permet aujourd’hui la technologie : vidéo-projections, mixage en direct, réalité augmentée, larsens, archives, dialo- gues SMS, FaceTime, etc. Nous avons travaillé sur le masque, le truchement identitaire décliné sous différentes formes : filtres Snapchat et morphing, argile (masque mouvant), avatars numériques, masques durs (masques à gaz ou masques artisanaux de type tribal), masques commerciaux (type Anonymous, Superman…), déformation par élastiques, personnages apparaissant par réalité augmentée…

Alexandre Moisescot

Critique Presse